Commémoration du 106ème anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918
Monsieur le Député, Cher Arnaud Simion,
Madame la Conseillère déléguée à la mémoire et aux anciens combattants, Chère Corinne Giner,
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil municipal,
Monsieur le Président de la Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie, Maroc et Tunisie, section de Tournefeuille, Cher Gilbert ALLIENNE,
Messieurs les porte-drapeaux et anciens combattants,
Monsieur le Représentant du Comité de la légion d’honneur, Monsieur Daniel SURROCA,
Mesdames et Messieurs les représentants et membres des Associations tournefeuillaises,
Messieurs les représentants des Cultes, Monsieur le Curé, Monsieur le Rabin,
Monsieur l’adjoint à la Cheffe du centre de Secours de Colomiers, Capitaine VIVIN,
Monsieur le Représentant du 1er Régiment du Train Parachutiste,
Chères Tournefeuillaises, Chers Tournefeuillais,
Mesdames et Messieurs,
Nous célébrons aujourd’hui le 106ème anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918, la fin de la Grande Guerre commencée en 1914 la fleur au fusil, dans un élan de patriotisme et d’enthousiasme, que la réalité tragique du conflit transforma très vite en appréhension à mesure que les mois et les années passaient.
Je ne saurais dire si Etienne Cabanié, et ses camarades éprouvaient ce sentiment de fierté des engagés volontaires de 1914 décrit dans nos livres d’histoire, ou l’appréhension des soldats à qui l’on ordonne de sortir de la tranchée sous la mitraille et la pluie d’obus. Ils furent cette année-là, il y a 110 ans, les premiers Tournefeuillais à tomber au champ d’honneur, les premiers Tournefeuillais morts pour la France.
Tournefeuille est alors un village de 850 habitants formé de lieux-dits : Grenouillette, Laramet, Petit et Grand Marquisats, Saint-Pierre (de Quint), Saint-Paul, L’Apothicaire, Pahin…
Un village rural, paisible, divisé en fermes que l’on appelait des Bordes : Borderie, Borde de Caussou (ou Borde de Lafitales), Borde blanche, Borde-Neuve, etc.
Et nous sommes réunis aujourd’hui pour leur rendre hommage ainsi qu’à leurs 36 camarades dont Gilbert Allienne nous a rappelé le nom inscrit sur notre monument aux morts.
A eux, mais aussi à leurs frères d’armes, d’ici et d’ailleurs, à toutes les victimes d’un conflit dont on imaginait qu’il serait le dernier tant il fut effroyable dans ses effets, tant il marqua les esprits et les corps.
Chers enfants, nous parlons ici de vos arrière-arrière-grands-parents. Demandez à vos parents qui étaient vos arrière-arrière-grands-parents. Peut-être trouverez-vous un nom sur un monument aux morts.
14-18 fut en effet un conflit mondial qui fit en 5 ans plus de 10 millions de morts. Aux cotés de nos jeunes soldats tournefeuillais, combattirent des centaines de milliers d’autres, de toutes les régions de France, de toutes les origines et de toutes les confessions, de nos colonies d’alors, de celles de nos alliés, de pays indépendants ou de contrées lointaines aspirant à le devenir.
Je voudrais avoir une pensée particulière pour tous les engagés volontaires étrangers qui combattirent à nos côtés portés par l’idéal républicain, émancipateur et révolutionnaire : Polonais, Arméniens, Grecs, Tchécoslovaques, Garibaldiens, Espagnols et bien d’autres encore, ainsi que pour tous ceux qui prirent part aux combats, à la bataille de la somme, au chemin des dames ou encore à Verdun, parfois et même souvent contraints, notamment nos soldats des armées coloniales les Tirailleurs, les Spahis, les Goumiers, envoyés au casse-pipe comme on disait à l’époque.
C’est là tout le paradoxe de la guerre. Engagé malgré soi ou volontaire, pour la cause ou sans fierté particulière, par nécessité ou par abnégation, ils furent nombreux à se sacrifier corps et âmes, pour leurs camarades et pour le pays, et c’est ce sacrifice ultime que nous commémorons aujourd’hui, pour nous souvenir d’eux et pour leur rendre L’hommage de la Nation toute entière.
Qu’aurions nous fait à leur place ?
La Der des Der ne sera hélas pas la dernière.
La situation au proche orient, au Liban, à Gaza et en Ukraine nous le rappellent encore aujourd’hui avec une très grande violence. Mes pensées vont aux peuples agressés, aux peuples opprimés, aux populations civiles victimes en premier lieu de l’appétit sanguinaire et du bellicisme des nationalistes, des intégristes et des fanatiques religieux.
Alors que le changement climatique charrie son lot de catastrophes naturelles, de crises humanitaires et de réfugiés, je m’étonne toujours que la seule réponse que nous apportions à ces défis pour l’humanité soit la construction de nouveaux murs ou de nouvelles forteresses.
Et qu’au même moment, de plus en plus d’État sombre dans le populisme et l’autocratie. Comment ne pas revenir sur l’élection aux États-Unis il y a quelques jours. De ce pays allié historique de la France qui porte au pouvoir un homme ayant organisé une tentative de putsch et refusant de rendre hommage aux soldats américains du cimetière du Bois Belleau morts pendant la grande guerre, les qualifiant de « perdants et de crétins ».
Face aux drames de notre monde nous devons rester humbles et travailler de concert, tous ensemble aux solutions qui permettront demain d’éviter l’exacerbation des tensions déjà tangibles sur notre planète et portant en germes les guerres de demain.
Loin de moi l’idée de nier l’inquiétude de nos compatriotes, mais c’est notre rôle d’élus, de politiques, que de préparer notre pays aux bouleversements de demain. Et c’est une faute que de laisser croire à nos compatriotes que le repli sur soi sera efficace que notre pays et même l’Europe au fond pourront fermer les frontières. Elles s’imposeront à nous par la force des éléments, par la montée des eaux, par la soif et la faim.
Nous partageons de ce point de vue aujourd’hui et avec le reste de l’humanité une communauté de destin dépassant les frontières.
En cultivant la peur et la méfiance, nous ne créerons que les conditions propices à la division et à la violence sans trouver pour autant de solutions aux problèmes qui se poseront à nous.
Le réchauffement climatique et ses conséquences pour nos sociétés est incomparativement le plus dangereux pour l’avenir de l’humanité.
Nous avons envers tous ceux que nous honorons aujourd’hui et qui sont morts pour nous, pour notre liberté, souvent dans la fleur de l’âge, l’obligation primordiale de bâtir avec zèle et persévérance la paix de demain.
Et pour accomplir cette tâche exaltante, nous choisirons toujours le camp de l’intelligence et de la raison.
Sans fraternité, point de salut.
Vive la République, Vive la Paix, Vive la France, Vive Tournefeuille !